Chronique du Peuple, par Zenna Henderson

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       Chronique du Peuple (The Book of the People, pour son titre en anglais) est un roman de 340 pages écrit par Zenna Henderson. Il est paru en 1961 dans sa première version aux États-Unis. Il faudra attendre 1980 pour le voir édité en français, chez J’ai Lu, dans une traduction de Michel Deutsch. L’illustration de couverture a été réalisée par Sergio Macedo.


       L’Histoire

       Le livre retrace les aventures de plusieurs membres du « Peuple », à commencer par celle de Valency Carmody, une jeune institutrice qui, après deux renvois sans explication, se retrouve mutée dans un petit village isolé. Valency Carmody y fait classe à une dizaine d’enfants mais, peu à peu, elle s’aperçoit, sans en être vraiment certaine, qu’ils ne sont pas tout à fait comme les autres. Rêve-t-elle ou bien en a-t-elle vraiment vu un flotter au-dessus du sol pour se déplacer ? Et cet autre enfant ne serait-il pas en train de remuer des objets à distance ? Comment est-ce possible ?


       Mon Avis

       Chronique du Peuple est un roman sur l’altérité. Ainsi, Peter et Bethie, deux personnages du livre, se sentent différents des autres, bien qu’ils soient, en apparence, totalement intégrés à leur environnement social. Ils ont un père terrien et une mère issue du « Peuple ». Ils souhaitent partir à la recherche d’une partie de leur culture, mais ils sont tiraillés et craignent d’être rejetés. 
       Chronique du Peuple, c’est l’histoire de gens qui essaient de trouver leur place dans un monde qui, bien que familier, leur semble étranger. Des personnages qui cherchent leurs origines, leurs semblables et se demandent quel camp rejoindre, puisque leur place semble n'être nulle part, ou toujours entre-deux.


       L’autrice, Zenna Henderson, est parfois qualifiés de « pré-féministe ». Alors personnellement, j’ignore totalement ce que cela peut signifier. Je connais les « préraphaélites », les « préavis », les « prébiotiques », les « préretraité·es »… mais les « pré-féministes », jamais entendu parler ! Le roman est sorti en 1961. Il y avait déjà eu une très grande vague féministe aux États-Unis, clairement datée de 1848, soit plus d’un siècle auparavant ! Zenna Henderson ne revendique rien en termes d’égalité des droits humains, ce n’est tout simplement pas son propos. En revanche, elle donne largement la parole à une femme, et une femme de peu de qualité, une femme ordinaire, une simple institutrice, contrairement à ce que la SF de l’époque nous donnait souvent à voir. Le point de vue en est complètement changé, comme décentré. L’héroïne du livre est une personne à l’écoute, généreuse, apaisante, compréhensive, fondamentalement bonne envers ses congénères. En outre, l’autrice donne également la part belle aux enfants. Elle leur témoigne le plus grand respect, ainsi qu’une confiance absolue en leur devenir. Zenna Henderson met en valeur la vie de gens qui sont habituellement considérés comme quantité négligeable, a fortiori en 1961. Des « petites gens », comme on dit. D’ailleurs, ce n’est peut-être pas pour rien que le roman s'intitule Chronique du Peuple. Du peuple, dans tous les sens du terme.

       On se prend d’affection pour ces personnages, on a plaisir à les voir évoluer. Chronique du Peuple est un roman très agréable à lire, apaisant et animé d’un bon esprit, simple, confiant et généreux.


Court Extrait


       – Pourquoi veux-tu que ce soit de l'affabulation ?
       – Parce que... Parce que ! Ça ne tient pas debout. Il n'y a rien en dehors de ce qui est... je veux dire que si l'on fait le tour du monde, on revient forcément à l'endroit d'où l'on est parti. Tout retourne à son point de départ. Il y a des frontières au-delà desquelles... (Léa avait de la peine à trouver ses mots.) Ce qui est au-delà des frontières n'est pas vrai ! trancha-t-elle.
       – Mais qui les a tracées, ces frontières ?
       – Elles existent, voilà tout. On est prisonnier d'elles dès l'instant où l'on vient au monde. Et on doit se faire une raison jusqu'à la mort.
       – Qui a fait de toi une esclave ? murmura rêveusement Karen. Mais peut-être es-tu une esclave volontaire ? Je suis d'accord avec toi : tout retourne à son point de départ. Mais où cela commence-t-il ?

 

Zenna Henderson


       La Notice de l’autrice

       Zenna Henderson est une écrivaine américaine née à Tucson, Arizona, en 1917. Elle décède d'un cancer, dans la même ville et dans le même état, en 1983.
       Zenna Henderson obtient son diplôme en « sciences de l'éducation » en 1940. Elle devient alors enseignante dans divers états américains, mais également en France, pendant plusieurs années.
       C'est l'une des premières femmes à publier dans les magazines américains de science-fiction. Et, contrairement à la majorité des écrivaines de l'époque, elle n'a pas recours à un nom de plume masculin : elle utilise son vrai nom.
       Elle a écrit sept romans, dont seulement deux sont traduits en français (Chronique du Peuple et Les Enfants de la nuit). Elle a aussi écrit une multitude de nouvelles, publiées dans la presse américaine. À noter que son roman Chronique du Peuple a été adapté en film pour la télévision avec, pour la distribution principale : Kim Darby, et le très célèbre William Shatner.


       Bonne lecture !


 

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