Du Sang sur la piste temporelle, de Pamela Simpson
/image%2F0994739%2F20240320%2Fob_3687a1_du-sang-sur-la-piste-temporelle.jpg)
Du Sang sur la piste temporelle (Partners In Time en anglais) est un roman de 310 pages de Pamela Simpson. Il a été traduit en français par Alexis Champon, et publié chez J’ai Lu SF en 1992. La couverture a été illustrée par Michel Landi.
L'histoire
C.J. Grant s’est autrefois essayée à la carrière d'actrice, sans réellement parvenir à percer dans le métier. Elle a fini par devenir détective privée, profession qui lui convient somme toute très bien. Des années plus tard, suite à un tremblement de terre, C.J. voit sa vie sauvée par Sam Hackett, un acteur de western. Normal, nous sommes à Los Angeles, non loin des plus gros studios de cinéma du monde.
Mais cet homme sent l’écurie, la vraie écurie, et ses armes n’ont pas du tout l’air d’être des accessoires de cinéma. Tandis que C.J. est engagée pour élucider le meurtre d’un acteur de seconde zone, elle s’adjoint les services de Sam Hackett et va de surprise en surprise. Quelles vérités découvrira-t-elle à propos de son sauveteur de fortune ? Qui est-il vraiment ? Que fait-il ici ?
/image%2F0994739%2F20240320%2Fob_eda38f_du-sang-sur-la-piste-temporelle-pamela.jpg)
Placement de produits éhonté
Le roman fait la part belle à la publicité. Tout y passe, plusieurs marques de jeans, de teinture pour les cheveux, de mouchoirs en papier, le nom d’une célèbre chaîne de hamburgers et ceux de plusieurs entreprises de haute couture et de prêt-à-porter mondialement connues, des marques de voitures avec leurs caractéristiques techniques, et, comme on parle d’un vrai cowboy, on retrouve évidemment une célèbre marque de cigarettes. On en arrive même à des paragraphes complètement aberrants qui ne citent que des noms de marques, par exemple page 87 : « Nous avons regardé les pubs à la télévision. Il connaît tout sur la Budweiser, les rasoirs Gilette Contour, le dentifrice Ultra Brite, l’after-shave Williams (...) »
Ce sont des placements de produits vraiment éhontés, les pires que j’aie vus. On a parfois l’impression de lire un prospectus de réclame ou, comme dans certains films, on a le sentiment de voir un clip publicitaire à très gros budget, comme Hollywood en est friand. Mais je me demande : à qui cela profite-t-il ? Les maisons d’édition imposent-elle cela à leurs auteurices afin de financer leurs droits ? Ou l’auteurice a-t-il/elle un contrat direct avec les agences de publicité pour gagner plus d’argent (je n’y crois pas un seul instant) ? Et que se passe-t-il en cas de traduction : les droits publicitaires sont-ils revendus avec le manuscrit ? Que gagnent la maison d’édition qui transpose le bouquin, et le ou la traducteurice ? Lorsqu’on se rend compte qu'on est le dindon de la farce, on se dit qu'on aurait bien aimé bénéficier d’un peu plus de transparence – voire d'honnêteté. Et, comme dit l’adage « quand c’est gratuit, c’est nous le produit ». On aimerait donc que le prix de ces livres baisse en conséquence et, comme dans les séries télé actuelles, on apprécierait que les maisons d’édition assument et publient un message clair au début du livre, et à chaque début de chapitre concerné, indiquant qu’il y aura du placement de produit à cet endroit. Ce serait la moindre des choses.
/image%2F0994739%2F20240321%2Fob_3169fd_du-sang-sur-la-piste-temporelle-pamela.jpg)
Anachronismes
Le roman fait partie de la catégorie « Voyage temporel », avec son cortège de quiproquos et de situations cocasses. Mais, alors qu’il est publié dans une collection de science-fiction, il présente un nombre incalculable d’anachronismes pour vous autres, lecteurices du XXIe siècle : des cabines téléphoniques, des cassettes audio et des cassettes vidéo, une machine à écrire, un magnétoscope, un magnétophone, sans compter que les personnages fument dans les magasins !
La couverture elle-même est totalement en décalage, non seulement avec l’époque actuelle, où il est un peu plus difficile de montrer une illustration qui chosifie autant une femme, mais aussi en décalage avec le contenu du roman. En effet, vous n’y verrez nulle part de cow-girl en pantalon de cuir bien moulant comme le laisse présager la couverture, ni son improbable thigh gap (écart entre les cuisses) tant fantasmé, ni, heureusement, la moulure de son siège de bureau imprimée sur les fesses. Mais rassurez-vous, le roman vous parle bel et bien de slip. En soie. Pour homme. Oui oui, un slip en soie pour homme !
Romance
En plus des placements de produits excessifs, le roman est truffé de « regards troublants », « sourires ravageurs », « sourires désarmants », « douceur et sensibilité purement féminines » (!), « besoin de protection », de « sens en éveil », d’émois, de chaleur d’un corps masculin etc.
N’en jetez plus, nous sommes bien dans une romance, bien que ça ne soit indiqué nulle part. Pourquoi ? Peut-être parce qu’on avait autrefois tendance à qualifier ces romans de sous-littérature, alors que maintenant, les éditeurices voient plus leur intérêt commercial, et hésitent moins à revendiquer leurs choix éditoriaux.
Mais pourquoi toujours se comparer, se mesurer, décider qui a le droit d’écrire quoi, et de lire quoi ? Comme si les gens ne pouvaient pas lire pour le simple plaisir de lire, pour se détendre, pour rêver, même à des choses que d’aucuns considèreraient comme « sottes ». Pourquoi être toujours dans la performance, et même dans la productivité (lire pour apprendre, lire pour se cultiver, lire pour se rendre intéressant et essayer de briller en société) ? La romance souffre d'ailleurs à double titre, puisque c’est une littérature dite « populaire », et qu'elle est plutôt destinée aux femmes. Alors forcément, elle n’a pas bonne presse auprès de certains milieux snobinards qui ont décidé tout seuls qu’ils étaient supérieurs aux autres.
Je lis quasi exclusivement de la SF, elle-même considérée comme une sous-littérature, alors je serais bien mal placée pour jeter la pierre aux personnes qui aiment les romances. Chacun·e sa came. Et dans le genre romance, ce livre possède toutes les qualités requises, et me semble plutôt réussi (figurez-vous que je m’y connais assez bien : c’est avec des romances de cow-boys que j’ai commencé ma carrière de traductrice !) Alors pourquoi pas ? Si ce genre est à votre goût, n’hésitez pas.
/image%2F0994739%2F20240321%2Fob_49f229_du-sang-sur-la-piste-temporelle-pamela.jpg)
La Notice de l’autrice
Pamela Simpson est parfois présentée comme une seule et même autrice. En fait, il s’agit d’un pseudonyme collectif pour Pamela Wallace et Carla Simpson (présentée au masculin, Carl Simpson, dans les crédits de l’édition J’ai Lu !).
/image%2F0994739%2F20240321%2Fob_761ce7_carla-simpson-du-sang-sur-la-piste-tem.jpg)
Carla Simpson, qui écrit plus volontiers sous le pseudonyme de Quinn Taylor Evans, est une écrivaine américaine passionnée d’histoire. Elle a écrit une vingtaine de romans, et a été à plusieurs reprises primée pour son travail.
/image%2F0994739%2F20240321%2Fob_ea141c_pamela-wallace-du-sang-sur-la-poste-te.jpg)
Pamela Wallace est quant à elle une écrivaine, scénariste et productrice américaine. Elle est née en 1949 en Californie. Elle a scénarisé une multitude de films et de téléfilms. En 1986, elle obtient l'Oscar du meilleur scénario pour Witness.
Parallèlement à sa carrière dans le cinéma et la télévision, Pamela Wallace a écrit vingt-cinq romans. Dans les années 90, elle s'adjoint le talent de Carla Simpson, avec qui elle écrira trois livres supplémentaires. Ces romans ont été traduits dans sept langues, et diffusés dans le monde entier.
Bonne lecture !