Terre de lierre, de Tanith Lee

Publié le par tauceti

 

       Terre de lierre (Day of Grass en anglais) est un roman de 250 pages de l’écrivaine britannique Tanith Lee. La traduction de l’anglais au français a été effectuée par Bernadette Emerich. Le livre, paru en France pour la première fois chez J’ai Lu en 1988, a connu une réédition en 1993, avec une couverture parfaitement symétrique. L’illustration de couverture, dans un sens ou dans l’autre, a été réalisée par Michael Whelan.


 
       Quatrième de couverture


       Depuis des siècles, l'humanité vit refoulée sous terre par l'invasion extraterrestre lorsque Esther retrouve le chemin du Haut... qui est loin d'être tel que le décrivent les légendes : la Terre, malgré les gigantesques Araignées de métal qui hantent sa surface, semble totalement désertée. A l'exception de ce mystérieux jeune homme rencontré dans les ruines...
       De retour en Bas, Esther, plus aventureuse que les autres, sera choisie par Standish, chef suprême de la Colonie, pour prendre sa succession. Et lorsque le petit monde souterrain s'effondre, conduire ses habitants à la surface et affronter l'inconnu.
       Qui sont-ils ces envahisseurs ? Et que veulent-ils au juste de l'humanité ? Demeurée seule face à leurs pouvoirs inimaginables, Esther tiendra dans sa main le sort de ses semblables.


 
       Mon avis


       Encore un résumé bien alléchant en quatrième de couverture, qui ne tient pas ses promesses, à part vous faire acheter un livre. Le roman se compose de deux parties distinctes. La première se déroule en sous-sol : l’humanité y a été reléguée après qu’une race d’envahisseurs a pris possession de la Terre. Mais il est difficile de visualiser le décor et d’entrer dans le roman, car il y a peu de descriptions et il ne se passe pas grand-chose. On a un vif élan d’espoir et de sympathie pour Esther, cette jeune héroïne qui désobéit aux ordres et prend tous les risques pour se rendre à la surface. Mais voilà, ça retombe comme un soufflé, car elle redescend, et ça s’arrête là, il ne se passe rien d’autre.


       La seconde partie du roman se déroule en surface, on s’en doute. Il y a davantage de descriptions du paysage, où tout semble couleur aubergine, avec de grosses bestioles qui se vautrent dans de la mousse violette, en bordure d’un fleuve mauve, sous un ciel couleur prune. Mais c’est tout, on n’en entendra plus jamais parler par la suite. Les humain·es sont parqué·es dans des réserves et travaillent la terre, mais on n’en saura pas beaucoup plus non plus. Esther connaît un destin particulier, dans le sens où elle a ses propres appartements. Pourquoi ? Ce n’est pas très clair. Elle ne vit pas avec les autres, et puis c’est tout.


       C’est vraiment tout ? Oui, dans les cinquante dernières pages, il y a une petite explication qu’on n’attend même plus, et qui est probablement destinée à éclairer tout ce qui a précédé. Mais on reste quand même sur sa faim. Même le titre demeure incompréhensible, que ce soit le titre français ou celui d’origine. Et vous aurez beau vous creuser la tête, vous aurez du mal à trouver une interprétation plausible.
       La couverture me semble très étrange également, avec cette femme « augmentée » qui transporte une espèce de cristal démesuré. Rien dans le roman ne permet de se la représenter ainsi. D'ailleurs, après vérification, il s'avère que cette couverture est en fait celle d'un autre livre : La Chanteuse Crystal, premier tome de La Transe du Crystal, la trilogie d'Anne McCaffrey. Elle n'a donc rien à voir avec Terre de lierre de Tanith Lee ! Comment peut-on autant se tromper ? Chez J'ai Lu, ne lit-on pas les livres que l'on publie ? Le pire, c'est que la bévue n'a même pas été corrigée lors de la réédition du roman.



       La couverture américaine, dessinée par le célèbre Michael Whelan, colle beaucoup plus à la narration, forcément :

       En bref, et de mon point de vue, ce livre se laisse lire, mais n’a franchement rien d’exceptionnel et à la fin, j’avais même un peu hâte qu’il se termine. Une petite exception donc, dans l’univers flamboyant de madame Tanith Lee.

 

       Court Extrait

 


       Elle essaya de s'asseoir. Il continua à la guetter pour savoir si elle y arriverait. Elle y parvint enfin. Un bref moment, elle fut prise de vertige. Derrière Steiner, sous les étoiles, brûlaient çà et là dans les champs de petits feux de bois. (Esther sut aussitôt qu'il s'agissait bien de « champs », d'après les images qu'elle avait vues dans les livres. La terre dégageait le même parfum que les parcs de sa cité. Elle fut surprise de trouver ce parfum si familier.) Des gens dormaient partout, anonymes. Puis dans le ciel s'éleva une Araignée, sa coquille auréolée d'étoiles. Au départ, elles avaient été trois, mais à présent une seule suffisait pour les garder.
       – Je suis heureuse que tu aies réussi, Steiner, déclara-t-elle.
       Puis elle sourit, car c'était vraiment idiot de le féliciter. Ils étaient tous prisonniers. Ils étaient des vaincus.

 


 
       La Notice de l’autrice


       Tanith Lee est une écrivaine de science-fiction et de fantasy britannique. Elle naît à Londres en 1947, et décède d'un cancer en 2015, à l'âge de 68 ans.
       Elle a exercé une multitude de petits boulots, avant de se consacrer à l'écriture, dès 1968. Sa carrière décolle véritablement en 1975, avec la publication de son roman de fantasy Le Réveil du volcan (The Birthgrave). Elle a exploré de nombreuses facettes de la littérature populaire (romans historique, érotique, horreur, espionnage, fantasy, science-fiction...). Elle a également écrit des pièces pour la radio et pour la télévision.
       Bien qu'elle se déclare apolitique, ses écrits commencent à être de plus en plus refusés dans les années 90, à l'époque du « politiquement correct », y compris par les grands éditeurs qui l'avaient toujours soutenue jusque-là. Peut-être Tanith Lee s'exprime-t-elle trop librement, peut-être parle-t-elle trop ouvertement de sexualité ou dénonce-t-elle trop vigoureusement le racisme, l'âgisme, le sexisme et toutes les discriminations que les humain·es s'infligent à elles et eux-mêmes. Mais cet ostracisme n'a jamais empêché l'écrivaine de continuer à écrire et à être publiée, pour le plus grand bonheur de ses fans.
       Tanith Lee a écrit plus de 90 romans et 300 nouvelles, récompensés par des prix prestigieux, notamment dans le domaine de la fantasy. Elle a écrit plusieurs grandes sagas dont la plus connue est certainement Le Dit de la terre plate. Tanith Lee est une écrivaine majeure dans le domaine des littératures de l’imaginaire, incontournable. Parmi son œuvre multiple, vous trouverez forcément des écrits à votre goût.

       Bonne lecture !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article